Le numérique pour renforcer la relation école-familles
Deux ans après le confinement, les pratiques numériques ont évolué. Les outils facilitent la communication entre l’École et les familles à condition que les usages soient pensés en concertation. Avec Nathalie Couégnas, responsable du volet parentalité et numérique du dispositif Territoires numériques éducatifs, et Anne-Sophie Pionnier, spécialisée dans la relation parents-école et l’impact du numérique.
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Le numérique pour renforcer la relation école-familles
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Mélinée Chanard.
-Développer le numérique à l'école constitue un enjeu pour construire la citoyenneté numérique, favoriser une école inclusive, assurer la continuité pédagogique et administrative pour une école plus résiliente et pour la réussite de chacun.
Chaque professeur doit donc être formé aux compétences et à la culture numériques afin de s'inscrire dans une démarche de développement professionnel et de pouvoir accompagner ses élèves.
Un nouveau référentiel inspiré du DigCompEdu européen a été stabilisé en décembre 2021.
Ce cadre de référence des compétences numériques pour l'éducation, CRCN-E ou CRCN Édu, donne lieu à un dispositif de reconnaissance de ces compétences destiné à rendre compte d'une maîtrise progressive dans la carrière de chaque enseignant.
Il fait l'objet d'une phase pilote qui a débuté en janvier 2022.
En partenariat avec le groupement d'intérêt public Pix, avec le soutien du ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse, et financé dans le cadre du plan France Relance, Réseau Canopé propose une série de webinaires pour accompagner les enseignants dans ce dispositif.
"Le numérique pour renforcer la relation école-familles" Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Bonjour et bienvenue à ce webinaire intitulé "Le numérique pour renforcer la relation entre l'école et les familles".
Nous accueillons pour cet échange deux intervenantes, Nathalie Couégnas et Anne-Sophie Pionnier.
Je vais vous laisser le soin de vous présenter.
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-Nathalie Couégnas, cheffe d'établissement en détachement au GIP "Trousse à projets" sur le projet Territoires numériques éducatifs, dont le volet parentalité a été confié au GIP.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Merci.
Mme Pionnier.
Anne-Sophie Pionnier, master EdTech de l'université de Nice-Côte d'Azur.
-Je fais partie de l'équipe pédagogique du master EdTech de l'université Nice-Côte d'Azur.
Dans ce cadre, depuis un peu plus de deux ans maintenant, je mène des recherches sur la relation parents-école.
Je suis également maman d'une lycéenne et d'un collégien.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Pour ma part, je suis Fabrice Fauci, je suis directeur d'atelier Canopé, et je coordonne avec mon collègue Florent Lafabrie le groupe thématique national "Coéducation" pour Réseau Canopé.
Les échanges que nous aurons aujourd'hui seront enrichis par des paroles de professionnels, par des paroles de parents également, à travers des capsules vidéo qui ont été mises à disposition par la Trousse à projets, que vous représentez aujourd'hui.
Nous vous remercions pour cela.
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-Avec plaisir.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Ces capsules sont à retrouver sur le site numérique et parentalité de la Trousse à projets.
"Les outils numériques de la coéducation" Pour commencer, je vais vous proposer de définir une notion qui sera centrale aujourd'hui, qui est celle de la coéducation, mais dans le sens de la relation école-familles.
Anne-Sophie, pour commencer.
Anne-Sophie Pionnier, master EdTech de l'université de Nice-Côte d'Azur.
-Oui, définir la coéducation, le synonyme, pour moi, qui vient en premier, c'est "collaboration".
Collaboration entre les enseignants, l'école et le personnel de direction, et les familles et les parents.
Cette collaboration, elle a un but unique, qui est identique entre ces deux communautés éducatives.
C'est la réussite scolaire, la réussite des apprentissages des élèves et le fait, évidemment, de donner l'envie d'apprendre, et ça, c'est le but de nos deux acteurs de la coéducation.
Les notions qui reviennent, et dans les recherches que j'ai pu mener autour de ça, les deux notions qui reviennent beaucoup, c'est, d'une part, la confiance, la notion de confiance dans cette relation parents-école, et également la reconnaissance.
Et cette reconnaissance, elle est dans les deux parties, c'est-à-dire, pour les enseignants, de reconnaître le rôle de la famille et des parents tel quel dans l'éducation et dans la partie éducative, et d'un autre côté, la reconnaissance par les familles des compétences des enseignants.
Aujourd'hui, le webinaire est autour des outils qui sont mis à disposition pour faciliter la coéducation, et, du coup, on arrive à ce côté collaboratif des outils numériques.
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-Oui, la coéducation est de facto dans chaque établissement scolaire, et là, l'outil numérique modifie un peu les modalités qui peuvent être utilisées au sein d'un établissement scolaire.
Le numérique est un des outils à disposition pour favoriser cette coéducation, et ça doit être un outil.
On l'a vu pendant le confinement, la coéducation a été favorisée, mais un peu de façon précipitée.
Aujourd'hui, c'est peut-être le bon moment pour essayer de formaliser ce qu'on a appris, par exemple en pensant des projets de coéducation par et au numérique et en associant les familles à la réflexion qui est menée au sein d'un établissement, mais on aura sans doute l'occasion d'en reparler au cours de ce webinaire, et l'idée principale, c'est que ces outils numériques ne soient pas un motif de plus d'éloigner certaines familles de l'école.
Et donc, il faut bien penser, au sein de chaque établissement, à comment ça peut être un outil positif pour favoriser la relation école-familles, et pas un outil de plus qui crée de la distance.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Là, vous mentionnez déjà le terme "d'outils numériques", de "numérique".
Pour suivre, dans cette introduction, pourriez-vous peut-être nous éclairer sur cette notion d'outils numériques ?
Anne-Sophie Pionnier, master EdTech de l'université de Nice-Côte d'Azur.
-Les outils numériques dans le domaine de la coéducation sont présents, sont nombreux.
Mais c'est vrai que le premier outil auquel on pense concerne l'espace numérique de travail, les ENT.
Les ENT qui sont en place, maintenant, en 2022, pour 90 % des lycées, à peu près 80 à 85 % des collèges, et aux alentours de 40 %, 39 %, 40 % sur le premier degré.
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-Ce qu'on voit sur le dispositif Territoires numériques éducatifs, c'est que ces chiffres vont être amenés à augmenter encore.
Anne-Sophie Pionnier, master EdTech de l'université de Nice-Côte d'Azur.
-On est dans une tendance de croissance, sur le développement de ces outils.
Mais ce qui est intéressant, c'est quand même de voir que selon lycée, collège ou premier degré, on n'est pas du tout au même niveau de maturité sur ces outils.
C'est-à-dire qu'au lycée, les équipes pédagogiques ont pu voir un, deux, voire trois outils, trois ENT se suivre, et, du coup, ont une approche plus comparative de l'utilisation de ces outils, finalement, alors que sur le premier degré, on est vraiment dans la mise en place.
On est dans la mise en place de ces outils, la découverte, à différents niveaux.
Il y a eu un avant et un après-confinement, par rapport à ces outils.
Pendant le confinement, ceux qui avaient déjà en place ces outils ont pu vraiment voir exploser leur utilisation, ceux qui n'avaient pas encore ces outils en place ont été soit obligés de les mettre en place de façon accélérée, soit se sont débrouillés un petit peu comme ils pouvaient.
Alors, j'ai parlé des ENT, mais évidemment, il y a d'autres outils numériques qui explosent.
Il y a tout ce qui va être autour des vidéos, également tout ce qui est visioconférences, les visioconférences qui ont pris un essor important pendant le confinement.
En revanche, ces outils ont perduré après le confinement.
Encore maintenant, les visio, il y a certaines réunions parents-école qui se faisaient en présentiel et qui sont devenues plus en visio.
Ça n'a pas remplacé, mais ça a un peu diversifié et multiplié.
Par exemple, moi, pour le lycée, pour ma fille, les réunions de présentation de l'orientation se font en visioconférence, alors qu'avant, elles se faisaient plus en présentiel.
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-Et peut-être effectivement que maintenant que l'outil est assez communément utilisé, il faut en penser en équipe les usages.
En équipe au sein de l'établissement, évidemment, mais en équipe plus élargie avec les parents, la communauté scolaire.
C'est vrai que l'usage s'est un peu professionnalisé, et il est important, je crois, pour qu'on ne perde pas des parents, par exemple, qu'il y ait un outil, un usage.
Un outil de visio par établissement pour ne pas que, selon la classe de l'enfant, ou même en cinquième, puis en quatrième, un nouvel outil soit proposé aux parents, pour qu'on facilite leur tâche.
Tout ça, ça doit se penser, en réalité.
La rédaction concertée d'un projet de coéducation par et au numérique peut par exemple lister les outils utilisés dans les établissements pour éviter de multiplier les propositions faites aux parents qui nécessitent beaucoup d'adaptation, et ce n'est pas toujours simple pour eux.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Avant de passer à la suite, je voudrais vous interpeller.
Vous avez parlé de TNE, de Territoires numériques éducatifs.
Même si aujourd'hui, on traite la question, ce thème de la coéducation et du numérique au niveau national, c'est une expérimentation qui est importante.
Est-ce que vous pourriez nous en dire quelques mots ?
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-C'est un dispositif dans le cadre d'un projet d'investissement d'avenir qui a quatre volets.
Un volet équipement, un volet ressources, un volet formation qui a été confié à Réseau Canopé, et un volet parentalité.
Le volet parentalité est porté par le GIP Trousse à projets.
Il doit favoriser la coéducation par et au numérique.
Donc, comment on fait pour que les équipes soient prêtes à intégrer la notion de parentalité dans les choix qu'elles font sur le plan numérique, et comment on fait pour accompagner les parents, et en particulier les parents les plus fragiles dans l'usage des outils utilisés en établissement ?
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Ce qui m'intéressera tout à l'heure, c'est d'avoir un peu votre retour sur cette expérimentation, les premiers retours d'expérimentation.
Juste avant, nous étions là sur la question des outils numériques, vous en avez cité quelques-uns, vous avez parlé de cette impulsion à travers la période de Covid qu'on a eue.
Qu'en est-il aussi de la réglementation ?
Parce qu'effectivement, on voit bien qu'il y a des outils qui respectent la réglementation et d'autres qui ne la respectent pas.
Parfois, on sait que certains ont été utilisés alors qu'ils ne devraient pas l'être.
Quelques mots là-dessus, Nathalie ?
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-Pendant le confinement, tout le monde a paré au plus pressé.
Je crois qu'on peut saluer tout le travail qui a été fait pour justement ne pas laisser des familles pendant plusieurs semaines à côté de l'école.
Des choix ont été faits en fonction des outils qui étaient disponibles.
Aujourd'hui, on a des outils plus nationaux qui ont été créés.
Anne-Sophie, tout à l'heure, parlait de l'ENT, qui est aujourd'hui accessible via un compte unique ÉduConnect, qui permet aussi aux parents d'accéder aux bourses, à l'orientation, à leur fiche de renseignements pour mettre leurs informations personnelles à jour.
Aujourd'hui, il faut bien être conscient aussi qu'il y a des enjeux qui sont doubles, des enjeux juridiques.
Donc, on a tout intérêt, d'un point de vue juridique, en tant que professionnels, à utiliser des outils qui sont "RGPD compatibles", qui respectent la réglementation générale de protection des données.
Mais on doit la respecter, parce que juridiquement, sinon, on risque d'être confrontés à des difficultés, en tant que professionnels, mais aussi, je crois qu'on doit le penser dans un contexte éducatif.
C'est-à-dire que les familles ont des habitudes, toutes les familles ont des habitudes qui ne sont pas forcément très pensées en fonction de la protection des données.
L'établissement scolaire est un lieu modélisant pour les enfants, et qui doit proposer des habitudes peut-être un peu différentes, parfois identiques, mais en tout cas qui doivent les amener à être vigilants à la protection de leurs données, à leur protection juridique et à leurs obligations en termes de droits et de devoirs.
Et être modélisant, c'est utiliser des outils, avec les familles et avec les élèves, qui respectent les données personnelles.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Il me semble que justement, depuis le confinement, comme vous l'avez dit, ça a été un catalyseur dans les pratiques, mais aussi dans les outils proposés.
Et il me semble que le ministère propose certains services, le ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse, qui permettent d'être dans les rails, on va dire, au niveau de la réglementation et de la protection des données.
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-Tout à fait.
Un réseau social en particulier, Tchap, qui peut remplacer un autre réseau social que je ne nommerai pas ici, mais il y a plusieurs apps qui permettent de trouver des solutions compatibles avec la réglementation en vigueur et utilisables avec les familles, effectivement.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Ce service est accessible à toutes les personnes de l'Éducation nationale, "Apps.education", et donc, effectivement, on a un ensemble très important et très complet, et qui évolue, c'est bien cela.
Peut-être quelques mots là-dessus.
Anne-Sophie Pionnier, master EdTech de l'université de Nice-Côte d'Azur.
-Oui, ce point sur les données est extrêmement important.
On parle, dans le domaine de la santé, du dossier patient, là, on est sur le dossier élève.
Par les ENT, par exemple, on va avoir des données sur chaque enfant depuis l'école primaire jusqu'au lycée.
Ces données sont évidemment confidentielles, parce qu'on va avoir les absences, les maladies, on va avoir les résultats scolaires, bien sûr, donc les compétences de ces enfants, à disposition.
Donc, ces données sont très importantes.
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-Je crois que les professionnels ont tout intérêt, aussi, parce que c'est un enjeu et parce que les familles ont parfois des interrogations à ce sujet, à rassurer et à dire que le ministère a mis en place tout un système qui protège ces données.
Communiquer là-dessus, ce n'est pas inutile.
Anne-Sophie Pionnier, master EdTech de l'université de Nice-Côte d'Azur.
-Le ministère, mais aussi ceux qui garantissent, au niveau des serveurs, la sécurité des données.
Il y a toute une réflexion, actuellement...
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Qui part justement des applis, mais en même temps, sur tous les aspects sécuritaires qui dépassent tout cela.
Anne-Sophie Pionnier, master EdTech de l'université de Nice-Côte d'Azur.
-Et qui rentrent dans un rôle d'éthique, aussi, sur ces données, pour la sécurité et la confidentialité.
Dans le domaine recherche, ces données sont une mine d'or en termes de recherche.
C'est-à-dire qu'on peut étudier aussi le comportement avec le numérique des parents, par exemple, des enfants, pour mieux comprendre et pour mieux lutter contre la fracture numérique, par exemple, ou ce genre de sujets.
Et donc, on anonymise évidemment toutes ces données, et ça, c'est important aussi.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Maintenant, je vais vous proposer de rentrer dans le vif du sujet avec le témoignage d'une maman qui va nous parler, selon elle, des atouts du numérique en faveur de la relation école-familles.
"Selon vous, quel est l'atout principal des outils numériques ?"
Jamila, mère d'une collégienne de 14 ans.
-Le numérique m'aide, parce que c'est quelque chose de très pratique.
Et puis, quelque part, quand on reçoit un message du professeur, on se sent assez en proximité.
C'est un outil, comme tout outil, il faut le compléter avec beaucoup de communication, savoir échanger quand il est nécessaire avec les professeurs.
C'est vraiment une aide, et néanmoins, c'est, je pense, un bon pilier quand on en fait un bon usage et que c'est complémenté avec une bonne communication avec le collège.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Quels sont les atouts du numérique, selon vous, et puis quelles réactions par rapport à ce que vient de dire cette maman ?
Anne-Sophie Pionnier, master EdTech de l'université de Nice-Côte d'Azur.
-Moi, j'aime beaucoup ce que dit cette maman, parce qu'elle parle de "pratique".
Les mots que j'entends, dans ce qu'elle dit, c'est le mot "pratique", le mot "proximité".
Dans les outils numériques, dans les outils de vie scolaire et les ENT, on a évidemment la partie messagerie.
La partie messagerie qui, finalement, rapproche les parents et les enseignants ou les personnels de direction des écoles.
Donc, j'aime bien ce côté-là qu'elle met en avant, le lien, elle parle de lien, également, qu'il y a.
Donc, ces outils numériques, finalement, qui pourraient mettre de la distance, en fait, rapprochent tout simplement les familles et les établissements scolaires.
Donc, ça, c'est sur le plan des messageries, qui peuvent être utilisées soit en nombre pour toucher l'ensemble des parents avec des informations d'ordre général, soit également de façon très personnalisée, adaptée pour toucher, peut-être, ces parents qui, justement, sont moins engagés dans la relation avec l'école et qui vont peut-être être plus touchés par des messages adaptés à leur situation et à eux.
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-Moins engagés ou qui ont des horaires qui ne leur permettent pas d'être présents.
Là, je pense, j'ai beaucoup travaillé en éducation prioritaire, et les mamans partent le matin très tôt, reviennent quand leurs enfants sont déjà à l'école, et repartent au moment où leurs enfants rentrent.
Donc, tous les temps qui sont proposés par le collège, ça tombe pendant qu'elles sont au travail.
C'est vrai que les outils permettent ça, ils permettent d'avoir accès à la communication de l'établissement scolaire un peu quelle que soit l'heure.
Après, je crois qu'on est tous d'accord là-dessus, ce n'est pas magique.
C'est-à-dire que l'outil numérique, il n'est pas question non plus qu'il remplace la relation interindividuelle, qui est le plus souvent très bénéfique.
Donc, oui, elle répond, et c'est vrai, à des parents qui ont parfois du mal à venir à l'école, mais on peut essayer l'outil numérique.
Comme on le disait tout à l'heure, c'est un des outils à disposition, un des possibles, et il ne faut pas renoncer aux autres possibles, et en particulier à des rendez-vous individuels avec les parents, évidemment.
Anne-Sophie Pionnier, master EdTech de l'université de Nice-Côte d'Azur.
-Au niveau de ces messageries, quand on parle du temps, parce que, Nathalie, tu parlais du temps, et, en effet, des parents qui doivent aménager leur temps...
Mais c'est le cas aussi sur les enseignants.
Les enseignants, et c'est un sujet, ça peut être aussi une crainte des enseignants par rapport à ces messageries...
On parle du droit à la déconnexion.
C'est-à-dire que les outils numériques, de plus en plus, permettent de gérer son temps sur ces outils en mettant un temps où on veut recevoir les notifications ou, au contraire, être complètement déconnecté.
C'est les deux aspects.
C'est à la fois les parents qui, d'un côté, vont en effet répondre aux messages ou envoyer leurs messages en soirée, parce que c'est le temps qu'ils ont à y consacrer, et de l'autre côté, les enseignants évidemment, sur leurs horaires de travail, vont gérer ces messages.
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-C'est vrai qu'on a tout intérêt, au sein d'un établissement, à penser collectivement les modalités de réponse, les choix faits d'outils.
Est-ce qu'on utilise le mail de l'établissement, est-ce qu'on utilise la messagerie professionnelle, est-ce qu'on utilise la messagerie de l'ENT ?
Et quand est-ce que, collectivement, on décide de répondre aux parents, pour éviter les écueils de : "Tel professeur me répond beaucoup plus vite que vous."
Et ça, ça peut créer des tensions inutiles.
Alors, il n'y a pas la bonne solution.
On peut afficher, dans le projet de coéducation par et au numérique, que chaque professeur choisit le délai qui lui correspond professionnellement en fonction du temps de présence dans l'établissement, en fonction d'une multitude de critères, mais il y a intérêt à afficher un engagement collectif et partagé, pour favoriser la coéducation.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Pendant le confinement, on a entendu des parents dire qu'avec ce prof, on passait par la messagerie, avec cet enseignant, on passait par telle application, et des fois, les parents étaient un peu perdus.
Comme vous le dites, apparemment, ce qui est vraiment important, c'est de pouvoir s'organiser, justement, pour pouvoir avoir une action qui soit, quelque part, partagée.
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-Dans le cadre des TNE, effectivement, on avait pour mission de construire une ressource sur le site numérique et parentalité, la mallette de la coéducation par et au numérique collège.
Ça fait partie des choses qu'on préconise, de réfléchir à un outil, un usage, et d'essayer au maximum, en équipe, de trouver...
Et on a un outil dans la mallette qui propose de le contractualiser en conseils pédagogiques et de le présenter en CA.
Après, chaque établissement voit quel est le meilleur moyen pour sa situation, mais on a créé un outil qui est à disposition, effectivement.
"Accompagner les parents" Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Donc, là, on voit bien, d'après ce qu'on a entendu, qu'effectivement, le numérique, de par ses différents aspects, peut aider, favoriser cette relation entre l'école et la famille, et donc le bien-être de l'enfant, de l'élève, sa réussite, puisque c'est le but de ce travail sur la coéducation et sur la relation école-familles.
Mais finalement, cela soulève une double question.
C'est-à-dire, quelque part, comment faire avec les familles qui sont peut-être éloignées ?
On peut parler de fracture du numérique, on peut parler d'illectronisme.
Et puis quel accompagnement mettre en place, justement ?
Est-ce le rôle de l'école ?
Est-ce le rôle d'autres partenaires ?
Comment travailler sur ces questions-là ?
Pour aborder ce point, en introduction, je vous propose la vidéo d'une CPE qui va présenter, justement, un dispositif qui permet de répondre en partie à cette question.
"Comment accompagner les familles sur le plan numérique ?"
Émilie Royer, conseillère principale d'éducation.
-En début d'année, on fait un sondage auprès des élèves pour savoir s'ils disposent d'outils numériques et de connexion internet.
S'ils n'en ont pas, l'établissement peut mettre à disposition, par le biais de conventions de prêt, du matériel informatique, soit ordinateur portable, soit tablette tactile.
Je travaille avec le centre socioculturel du secteur, qui emploie une médiatrice numérique, et cette médiatrice numérique peut accueillir les parents sur demande pour une micro-formation, ou en tout cas montrer comment fonctionne le numérique, favoriser l'accès au numérique si jamais les familles n'ont pas accès à Internet ou n'ont pas de matériel, et puis surtout comprendre comment ça se passe, parce que les codes d'accès, les différents moyens d'accéder à tout ça sont complexes.
On a la chance d'avoir le centre socioculturel qui nous aide à ça.
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-Tous les propos tenus par cette professionnelle me renvoient à l'expérimentation du dispositif Territoires numériques éducatifs, puisqu'on produit des ressources, j'en ai parlé, et on est également chargés d'accompagner les parents.
Donc, on a fait des partenariats.
Ce qui nous semblait extrêmement important, c'est, et elle en parle, d'accompagner les parents au plus près, c'est-à-dire que les parents les plus éloignés du numérique, voire de l'école, il ne s'agit pas de leur proposer deux, trois, même quatre, cinq ateliers pour qu'ils deviennent performants et qu'ils puissent être très autonomes.
Donc, l'école se doit d'amorcer un accompagnement et de le faire au plus près, de façon à ce que le partenaire qui est sollicité puisse intervenir après de façon individualisée.
Ce qu'il nous semble, aujourd'hui, après les premiers retours d'expérience, c'est que l'établissement scolaire a évidemment un rôle très important dans l'accompagnement collectif, c'est-à-dire qu'il ne s'agit pas d'envoyer le code Pronote de connexion en considérant que, comme c'est l'outil utilisé au sein de l'établissement, tout le monde va savoir s'en servir, ou que comme il est utilisé depuis des années, c'est un outil qui est vulgarisé.
Oui, mais pas pour tout le monde.
Donc, un accompagnement collectif peut effectivement être proposé.
Et puis après, il y a l'accompagnement plus individualisé pour des parents qui ont des besoins plus spécifiques.
Un parent qui n'a pas d'adresse mail, au moment de la saisie des bourses, il est en très grande difficulté.
Donc, il faut essayer de penser cet accompagnement, et sans doute, en partenariat avec l'écosystème local, avec, évidemment, la commune, avec les associations locales, que ce soient les centres sociaux, les maisons de quartier, les maisons des habitants, ils ont tous des noms différents selon les départements, les foyers ruraux...
Et il est important que les parents puissent trouver des relais qui vont être pérennes, autour d'eux, et où ils sont déjà en confiance, plutôt qu'une intervention ponctuelle qui ne trouvera pas de lendemain.
Donc, ce partenariat est souvent à créer, au moins dans le domaine du numérique, et l'expérimentation Trousse à projets a cette vocation de mettre en relation les établissements scolaires avec des partenaires locaux qui vont aider à l'accompagnement individualisé.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Vous avez aussi travaillé, il me semble, sur un dispositif de parents référents.
Vous pourriez nous en parler ?
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-Tout à fait, on s'est dit qu'on n'allait pas pouvoir, dans le cadre des TNE, et je crois que c'est vrai un peu partout...
On ne peut pas mettre à disposition des parents un médiateur numérique partout et tout le temps.
Donc, on s'est appuyés sur ce qui s'est passé, les retours qu'on a eus pendant le confinement, où il y a eu beaucoup d'entraide entre les parents, les parents se sont beaucoup soutenus, et on s'est dit qu'on pouvait essayer de pérenniser cette entraide.
On a donc mis en place dans les deux premiers départements expérimentateurs le dispositif parents ressource.
C'est comme tout, ce n'est pas magique, c'est comme le numérique, ce n'est pas magique, mais ça peut permettre de l'entraide entre parents.
Donc, on "recrute" des bénévoles parents volontaires et on accompagne ces parents, qu'on appelle parents ressource, on les accompagne pour qu'ils puissent à leur tour accompagner d'autres parents.
Il y a plein de façons de les accompagner.
On peut les briefer sur le téléchargement de l'application ENT, on peut les aider à animer des cafés des parents sur des thématiques qui peuvent stresser les parents.
"Les vacances approchent, il va encore passer tout son temps sur les jeux vidéo, comment je peux lui proposer des alternatives ?"
Donc, on présente des alternatives ludo-éducatives aux parents ressource qui animent à leur tour un café des parents.
C'est un des possibles, en fait.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Sur quel niveau vous vous situez, sur toutes ces actions-là ?
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-Du côté des deux premiers départements expérimentateurs, l'expérimentation ne portaient que sur les écoles.
L'expérimentation a été élargie à dix nouveaux départements, et là, on va toucher à la fois les écoles, les collèges, et même, éventuellement, les lycées.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Ces cafés des parents, pour l'instant, vous les mettez en place plutôt sur des collèges et des écoles.
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-Ça peut être format café des parents, mais l'accompagnement prend plein de formes.
En fait, ce qu'on a réalisé, c'est qu'il fallait s'appuyer sur des évènements préexistants.
Les parents ne viennent pas...
Si on leur dit : "On trouve que vous êtes mal connectés, on va vous apprendre comment vous connecter plus régulièrement", ça ne marche pas.
Donc, ce qu'on a vu, c'est que, par exemple, l'école avait l'habitude d'organiser avec les parents une course d'orientation.
Eh bien, la course d'orientation, les questions vont être tournées vers le numérique éducatif.
Ou alors la kermesse.
On va rajouter un stand qui va être le stand numérique, avec des parents ressource ou avec un médiateur numérique local qui va pouvoir accompagner les parents.
Mais voilà, il n'y a pas de solution miracle.
La solution miracle, c'est de s'appuyer sur la confiance qui a déjà été établie et qui permet d'asseoir la venue des parents.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Donc les projets, les actions de l'établissement, pour éviter d'être un peu hors-sol, excusez-moi ce terme, voire superficiel, aux yeux des parents.
Donc, je comprends bien, par contre, juste une petite précision, vous parlez de médiateurs numériques, nous, chez Canopé, on a des médiateurs également.
Là, quelles sont ces personnes que vous mentionnez, quand vous parlez de médiateurs ?
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-"Médiateurs numériques", c'est le nom générique que je peux employer.
Ils ont des profils très différents.
Ça peut être les conseillers numériques France Services.
C'est des partenaires qui sont déjà implantés en territoires, avec qui on crée un partenariat supplémentaire sur le numérique éducatif, qu'on forme au numérique éducatif, parce qu'il y a des enjeux qui sont assez récents et qui appellent à des compétences un peu spécifiques, donc on les forme pour qu'ils puissent intervenir auprès des parents.
Et je pense que c'est très important pour une autre raison, aussi, c'est que si ce travail...
Déjà, les professionnels en établissements ne disposent pas toujours d'assez de temps pour accompagner les parents, même quand ils en ont envie individuellement.
Donc, trouver un relais, c'est souvent salutaire.
Et puis, il est important aussi de ne pas...
Même si c'est fait avec toute la bonne volonté, c'est compliqué pour un parent de venir un jour dans l'établissement et qu'on lui crée son adresse mail, qu'on l'aide à se connecter, et puis, le lendemain, d'être en position égalitaire pour parler d'orientation et dire : "Non, ce que je veux, ce serait ça."
Donc, ça permet de garder la posture pour chacune des parties prenantes.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Lors des entretiens de préparation, effectivement, cette notion de posture vous tenait à cœur, et dans le rôle aussi de l'école, c'est-à-dire que vous aviez parlé d'accompagnement plutôt que de formation, quand on se positionne au sein de l'établissement en direction des parents, pour garder cette égalité, quelque part.
Vous aviez attiré notre attention sur cette notion de respect commun.
Vous pourriez en dire encore quelques mots ?
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-Anne-Sophie l'a dit dans la définition qu'elle a proposée de la coéducation, c'est quelque chose qui est extrêmement important.
Le numérique ne doit pas mettre de la distance dans la capacité du parent à prendre ses décisions et à exercer ses droits parentaux dans les différents domaines, dans sa capacité à suivre la scolarité, dans sa capacité à saisir des vœux d'orientation.
Et on sait que ce n'est pas simple, lorsqu'il y a en plus la barrière du numérique.
Donc, il y a plein de points de vigilance à avoir.
Et là encore, il n'y a pas la bonne réponse qui pourrait être exposée ici et qui permettrait de dire en établissement : "Dorénavant, on va faire comme ça."
La bonne réponse, c'est celle qui est construite en équipe, et Anne-Sophie l'a dit aussi.
Paramétrer les outils collectivement pour comprendre les enjeux qu'il y a derrière, avoir cette posture de réflexion sur la place du numérique dans le déploiement du numérique en direction des parents.
Anne-Sophie Pionnier, master EdTech de l'université de Nice-Côte d'Azur.
-J'avais mené une étude sur cet accompagnement pour les parents, et seulement 12 % des parents interrogés avaient été un peu accompagnés soit par une présentation des outils, soit, éventuellement, par des tutos ou des choses de l'ordre de la documentation, mais c'est très peu.
12 %, c'est très peu.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-12 % aujourd'hui, en 2022 ?
Anne-Sophie Pionnier, master EdTech de l'université de Nice-Côte d'Azur.
-Voilà, donc, évidemment, toutes les initiatives qui sont prises pour accompagner les parents dans l'utilisation des outils de vie scolaire sont les bienvenues.
En plus, personnellement, je trouve que c'est une super opportunité pour amener les parents vers le numérique.
Je parle de ceux qui...
On parlait de l'illectronisme.
Parce que les outils de vie scolaire, finalement, ça touche les parents dans ce qu'ils ont envie de faire.
Et comment les amener au numérique par ces outils ?
En les accompagnant, ils vont découvrir ce que c'est qu'un identifiant, un mot de passe.
Quand on a un compte parent ou un compte élève, on n'a pas les mêmes choses à l'écran, on n'a pas les mêmes informations, même si l'outil est le même.
Il y a des notions, comme ça, qui vont plus loin que l'utilisation, où, finalement, les parents arrivent à se débrouiller, parce que les interfaces sont assez intuitives.
En revanche, tout ce qui correspond au numérique au-delà de l'utilisation, les ENT ou les outils de vie scolaire sont des grandes opportunités pour les amener vers ces concepts.
Je prends un exemple tout simple, mais le compte élève, évidemment, l'élève peut rendre un devoir, par exemple.
Le parent ne va pas avoir, évidemment, cette fonction.
Donc, on insiste, il faut insister en termes d'accompagnement sur le fait que les parents utilisent bien leur compte et non pas celui de leur enfant.
Cette notion de compte est intéressante en termes d'accompagnement sur le numérique, je trouve.
On parle de l'accompagnement, en effet, des parents, mais il y a aussi l'accompagnement des enseignants.
Les enseignants doivent être formés.
Formés dans le sens...
En tout cas, montrer comment ça fonctionne, accompagner, également, comme les parents.
Il y a des fonctionnalités très pointues, dans les outils de vie scolaire.
Et si on veut que ces outils soient utilisés vraiment dans le maximum de leur utilisation, il faut accompagner aussi les enseignants.
"Les bonnes pratiques" Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-Je veux bien rebondir sur, Anne-Sophie en a parlé sans citer le mot, l'éducation à la citoyenneté numérique.
Et c'est vrai qu'accompagner les parents et les enfants, c'est accompagner de façon plus générale à la citoyenneté numérique.
Et être modélisant au sein de l'école, dans les outils qu'on utilise, dans la façon de communiquer, dans la façon de modérer...
Puisque l'ENT, en réalité, c'est un réseau social.
Donc, permettre à nos élèves de communiquer au sein de l'ENT, et aux familles, c'est permettre à toute cette communauté...
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-De développer des bonnes pratiques.
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-Exactement, exactement, et d'aller vers une éducation à la citoyenneté numérique qui est réfléchie, et qui est réfléchie entre l'école et l'élève, mais aussi entre l'école et la famille.
Donner de la lisibilité aux attendus lors de l'accompagnement des parents, que ce soit collectivement ou individuellement, dire quels sont les attendus en termes d'éducation à la citoyenneté, permettre la porosité entre l'école et la famille sur les règles d'usage, c'est aller vers une société plus responsable, plus citoyenne.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Quelque part, au-delà de ces pratiques, peut-être que certaines actions pédagogiques qui sont initialement en direction des élèves, mais qui peuvent être aussi présentées, sur des évènements, à des parents peuvent aussi impacter et aller dans le sens que vous mentionnez.
Je pense notamment à un projet que j'ai vu passer autour des datas, des données ouvertes, qui va être fait avec des élèves, mais qui va être présenté après à des parents, à des élus et à toute une communauté qui se trouve autour du lycée.
Ça peut être aussi l'occasion d'aborder tous ensemble ces questions-là.
Je suppose peut-être que sur TNE, vous avez aussi ce type de projets qui partent de projets de classe, mais, après, qui vont irriguer aussi à l'échelle des parents.
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-Une des entrées, dans le retour d'expérience, effectivement, une des entrées qui permet de toucher un maximum de parents, c'est de partir de l'enfant, que ce soit en maternelle avec le cahier numérique, qui est un des outils à disposition, ou le blog, les parents se connectent à l'ENT s'ils savent qu'il y a une petite vidéo de leur enfant en train de fêter son anniversaire.
Pour les plus grands, on a encore, en tant que parents, cet attachement au travail réalisé par l'enfant, et volontiers on va se connecter pour voir un travail réalisé en classe et qui peut être transversal, effectivement.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Écoutez, là, on voit qu'on approche déjà les conditions et les bonnes pratiques qui vont nous permettre de rendre ce numérique favorable à la relation école-familles.
Pour aller plus loin, je vais vous proposer la parole d'un professeur principal et d'une maman que vous avez enregistrée à la Trousse à projets.
"Comment faites-vous pour associer les parents d'élèves dans le suivi de la scolarité ?"
Angélique Mironseau, enseignante de français, professeure principale de 3e.
-En tant que professeur principal, on utilise deux moyens de communication importants pour communiquer avec les élèves avec le numérique.
On utilise l'outil numérique du collège, c'est souvent ce qui est le plus simple, le plus immédiat.
L'avantage du numérique, ça va être de permettre au professeur principal d'individualiser, de personnaliser, en fait, l'information qu'il va vouloir donner aux parents.
Donc, ça va être beaucoup plus intéressant pour les parents de recevoir ce genre d'informations plutôt que des informations beaucoup trop générales qu'ils ne vont pas forcément lire.
On pratique également des visio pour l'orientation avec l'aide de la psychologue de l'Éducation nationale.
Elle présente tout un document détaillé qui explique les différentes étapes de l'orientation, de l'affectation.
L'avantage d'une visio, c'est qu'on peut mettre ensuite le document support en ligne, et il peut rester accessible pour les parents au moment où ils en ont besoin.
"Comment suivez-vous le travail scolaire de votre enfant ?"
Jamila, mère d'une collégienne de 14 ans.
-Au quotidien, pour suivre le travail scolaire, j'utilise un outil numérique qui me permet de voir à la fois les notes, le planning de ma fille.
Ça me permet de garder le lien, d'envoyer des messages quand on a des retours des professeurs soit au travers du carnet de correspondance, soit au travers de la messagerie.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Quelles sont vos réactions par rapport à ce qui vient d'être dit ?
Et puis que souhaitez-vous peut-être ajouter pour aller plus loin dans ces bonnes pratiques et les conditions de réussite ?
Peut-être, Anne-Sophie, quelques mots là-dessus.
Anne-Sophie Pionnier, master EdTech de l'université de Nice-Côte d'Azur.
-Sur les bonnes pratiques, moi, je dirais que le travail en équipe est clé.
Sur les outils de vie scolaire, par exemple, c'est une opportunité incroyable pour les équipes pédagogiques de travailler en équipe en début d'année, par exemple pour paramétrer l'outil, et de se poser les bonnes questions.
Si on prend l'exemple de la communication, qui est clé dans la coéducation, évidemment, la communication avec les parents, les outils, on a un certain nombre de paramétrages à réaliser.
Est-ce qu'on va communiquer avec les parents par courrier, par SMS, par messagerie, par e-mail ?
Ce sont des choix qui sont faits.
L'outil le permet, mais il permet évidemment aussi de ne pas le faire.
Si on ne coche pas la case "Utiliser la messagerie", on peut ne pas l'utiliser.
On peut aller finement aussi dans les choix sur les communications par messagerie.
Est-ce qu'on veut que tous les professeurs puissent communiquer ou puissent être joints par les parents ou pas ?
Est-ce qu'on veut que ce soit le professeur principal uniquement ?
Il y a toutes ces questions qui peuvent être posées en amont et qui peuvent être discutées avec les équipes pédagogiques et avec les parents, bien sûr, et les outils numériques permettent d'ouvrir cette discussion, finalement, et puis d'avoir une stratégie pour l'année, qui peut être modifiée, d'ailleurs, les outils le permettent.
On peut très bien modifier un peu les choix qu'on fait en début d'année ou, d'une année sur l'autre, conserver ces choix ou les revoir.
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-Et les rendre lisibles.
Anne-Sophie Pionnier, master EdTech de l'université de Nice-Côte d'Azur.
-Et les rendre lisibles, tout à fait.
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-Et du coup, compréhensibles par les familles.
Les choix qui sont faits ont toujours des avantages et des inconvénients, mais s'ils sont expliqués, communiqués, ils sont bien mieux compris et ça évite des tensions faute de communication.
Et peut-être anticiper, aussi.
C'est-à-dire que les choix qui sont faits, l'anticipation, on a été beaucoup dans la précipitation, ces dernières années, parce que l'actualité nous y a obligés.
Et aujourd'hui, on peut essayer d'anticiper avec le numérique.
Anticiper avec le numérique, ça veut dire quoi ?
Ça veut dire que ce n'est pas au moment où il faut saisir les vœux d'orientation qu'un parent doit apprendre à se connecter, sauf à créer toute une série de stress à la fois pour les professionnels en établissement et à la fois en famille et éventuellement chez les partenaires qui tentent d'accompagner les familles.
Vérifier plusieurs semaines, voire plusieurs mois avant que l'outil qui va permettre de saisir les bourses, l'outil qui va permettre de saisir les vœux d'orientation, l'outil qui va permettre de consulter les résultats scolaires, que cet outil-là, tout le monde y a bien accès, en tout cas un maximum de parents, de façon à ce que l'accompagnement qui va être nécessaire au moment T ne soit qu'à la marge, pour permettre d'éviter les tensions, tout simplement.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Donc, finalement, "anticipation", "travail d'équipe", "lisibilité" sont des mots-clés, des mots essentiels qu'il faut retenir.
Là, on le voit bien pour cette collaboration, cette relation, et il y a un mot qui revient beaucoup, c'est le mot de "communication".
Communication entre adultes.
Finalement, est-ce que cela ne risque pas de nuire à l'autonomie de l'élève et de le court-circuiter ?
En pédagogie, on sait bien qu'il est important que l'élève soit lui-même acteur de ses apprentissages.
Donc, vouloir faciliter vraiment toute cette communication ne risque-t-il pas justement de nuire à cette autonomie ?
Moi, je vous propose cette réflexion.
Avant de vous donner la parole, on va écouter une maman, justement, qui parle de cela.
"Comment le numérique vous aide à suivre les progrès de votre enfant ?"
Albane, mère d'une collégienne de 12 ans.
-L'outil mis en place par l'établissement nous permet d'avoir accès aux résultats instantanément.
Quand ils font une évaluation, en fin de semaine, on a tout de suite les résultats.
On voit bien l'évolution de notre enfant au fur et à mesure des évaluations.
On sait sur quels points ça n'a pas fonctionné, là où il y a quelque chose à revoir.
C'est très utile.
Du coup, on sait quoi revoir avec notre enfant le week-end.
Certains professeurs, notamment en français ou en sciences, vont mettre des liens ou des références à consulter qui sont en lien avec le cours qu'ils ont fait dans la journée.
L'enfant peut cliquer directement sur le lien via l'ENT et consulter toutes les informations.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Donc, là, finalement, sur ces questions d'autonomie, sur ce qui vient d'être dit, que pensez-vous de cela ?
Anne-Sophie Pionnier, master EdTech de l'université de Nice-Côte d'Azur.
-Le sujet des bonnes pratiques, notamment, cette maman parle des évaluations et des notes, l'accès aux notes...
Les outils en termes de bonnes pratiques peuvent être vraiment utilisés pour que la note devienne un sujet de discussion et non pas, finalement, le parent connaît la note de son enfant sur une évaluation avant l'enfant.
Et ça, c'est un peu compliqué, sans compter qu'il peut y avoir des comportements "addictifs" ou "boulimiques" de regarder plusieurs fois par jour les notes des enfants par les parents.
Donc, les outils, s'ils sont bien paramétrés, justement, l'enseignant va pouvoir décider de quand la note va être publiée, si possible quelques jours après avoir rendu la copie à l'enfant.
Et là, on fait grandir en autonomie l'enfant par rapport à ses résultats.
Donc, l'autonomie apparaît ici, et les bonnes pratiques peuvent être mises en place.
L'autonomie apparaît aussi sur le cahier de textes que les outils gèrent en numérique, où, en effet, finalement, on pourrait se dire que l'enfant se repose sur ses parents, qui vont regarder le cahier de textes numérique et dire : "Est-ce que tu as bien fait ça ?
Est-ce que ça, c'est fait ?", et on peut perdre en autonomie.
Mais aujourd'hui, la réalité, c'est pas ça.
La réalité, c'est qu'on a encore le cahier de textes papier, on a le cahier de textes numérique.
Les pratiques ne sont pas homogènes entre les enseignants, pas encore.
Donc, on a encore la possibilité d'avoir les deux.
Donc, les élèves doivent finalement jongler avec deux systèmes et gagnent en autonomie par rapport à ça, ou en tout cas en organisation, on va dire.
Je pense que l'important, dans l'autonomie, c'est d'avoir des objectifs à l'année sur un enfant, sur des cas bien précis.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Donc, important d'associer l'élève là-dessus.
Nathalie, de votre côté ?
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-Oui, et ne pas oublier...
C'est assez simple, en fait, de communiquer avec un papa, une maman, on envoie un mail en tant que professionnel.
Ne pas oublier que ce n'est pas une relation duelle, mais qu'il y a bien l'enfant.
Plus l'enfant grandit, plus il doit être associé aux échanges.
Pas à tous les échanges, évidemment, il y a des échanges qui sont beaucoup plus personnels, confidentiels, où l'enfant n'a pas à être associé.
Mais sur les échanges scolaires, a priori, le discours qui est tenu à l'enfant, à l'enseignant, entre les trois parties est le même.
Donc, l'enfant a tout intérêt à être, par exemple, mis en copie d'un échange avec un professeur pour lui permettre de comprendre quels sont les enjeux.
Mais c'est toujours la même chose, on doit être modélisant en tant qu'adulte.
Donc, les échanges doivent toujours être en vue d'une recherche de solution.
Et l'enfant gagne en autonomie s'il n'est pas écarté de cette relation.
S'il est associé, il va aussi gagner en implication dans son travail scolaire, car il comprendra mieux ce qu'on attend de lui côté famille et côté école.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Écoutez, merci.
Là, je vais vous proposer un dernier point.
Un point, en fait, qui concerne l'actualité.
On parle actuellement de sobriété énergétique sur la place publique.
Comment aborder ce point-là dans le cadre du numérique éducatif ?
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-Oui, la sobriété numérique est double.
Il y a le côté, effectivement, environnemental, et il y a le côté santé publique, consommation des écrans.
Les deux se rejoignent, en fait.
L'idée, je crois, c'est d'utiliser le numérique lorsqu'il présente une plus-value.
Ça définit absolument...
Tout le reste en découle.
C'est-à-dire qu'un numérique éthique, c'est un numérique qu'on va penser du point de vue du matériel : reconditionner, ne pas multiplier les écrans pour un même individu, et puis qu'on va aussi penser dans les usages, et ça, ça se travaille toujours de la même façon : en équipe.
Est-ce qu'on privilégie le mail avec pièce jointe ou alors est-ce qu'on dépose sur l'ENT ?
Voilà, il y a des choix qui ont des impacts plus ou moins importants environnementalement, et on doit être modélisants en direction des élèves et des familles.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Dans vos travaux, vous parlez souvent d'éthique, justement.
Est-ce que vous pourriez nous en dire quelques mots ?
Anne-Sophie Pionnier, master EdTech de l'université de Nice-Côte d'Azur.
-Oui, c'est vrai, je dirais que sur la coéducation et le numérique, il y a beaucoup à faire.
Je ne vais pas dire qu'il y a tout à faire, mais en tout cas, il y a des sujets éthiques à développer et à mettre en place qui sont importants.
On a parlé des données, pendant notre discussion.
Donc, l'éthique sur les données est importante à travailler.
On a parlé aussi du comportement des parents, qui peut aussi avoir un point de vue éthique sur la confiance que l'on fait dans la relation, sur leur comportement vis-à-vis des notes, c'était une des discussions.
Est-ce que, finalement, la question, ça peut être : implication des parents ou moins d'autonomie ?
Et on en a discuté.
Les recherches, aujourd'hui, sont autour de ça.
Il y a beaucoup de recherches qui sont faites sur la coéducation en tant que telle, peu encore sur l'impact du numérique sur cette relation parents, famille.
Donc, ce sont des recherches à mener et à développer.
"Les questions-réponses" Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-La première question concerne les consultations du livret scolaire unique, du LSU.
Est-ce que vous avez des données, des statistiques sur les consultations du LSU ?
Et puis, la personne qui a posé cette question pense que c'est également important de pouvoir donner le livret papier aux parents.
Qu'en pensez-vous ?
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-Je n'ai pas de données sur la fréquentation du LSU, mais je suis complètement d'accord avec le fait qu'un livret papier, même si, d'un point de vue environnemental, il y a un sujet, ça peut être un support de discussion pour un papa ou pour une maman avec l'enfant.
"Regarde, il l'a écrit."
Être derrière l'ordinateur, ce n'est pas pareil.
Se poser dans le salon et discuter en famille des résultats, ou en classe avec l'enseignant, le support papier peut effectivement présenter des avantages.
Anne-Sophie Pionnier, master EdTech de l'université de Nice-Côte d'Azur.
-Mais, à l'usage, on a aussi pas mal de discussions autour d'un écran.
Donc, avoir ce livret numérisé, on va de plus en plus vers ça, et au contraire, ça n'empêche pas la discussion.
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-Disons que je pense que l'évolution va se faire dans le temps.
Mais il est primordial qu'on n'aille pas trop vite, pour ne pas laisser au bord du chemin des familles qui ne sont pas encore prêtes à utiliser le tout numérique.
Il faut qu'on soit très vigilants.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Après, peut-être, également, que d'un point de vue même symbolique, garder un document papier qui va rester à la maison, qui va pouvoir traverser le temps, peut permettre aussi de garder cette mémoire.
C'est une question qui se pose.
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-La mémoire est aussi sur le LSU, puisque le LSU retrace la scolarité de l'enfant depuis son commencement.
Mais je pense qu'il n'y a pas de réponse catégorique à apporter.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Alors, sinon, j'ai une question, aussi, sur le manuel numérique.
On voit apparaître de plus en plus de manuels numériques.
Une personne qui participe à ce webinaire nous dit que le manuel papier est un lien important entre l'école et les familles.
Que pensez-vous de cela et du manuel numérique ?
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-C'est pareil, comme vous le disiez, c'est un outil à disposition.
On ne peut pas comparer le manuel papier avec le manuel numérique.
Les possibles ne sont pas les mêmes.
Tout dépend de l'usage qui est fait.
Il y a beaucoup de manuels qui restaient dans le cartable et qu'on ressortait au moment de les rendre, en fin d'année.
Donc, tout dépend des usages pédagogiques des professeurs, mais ce qui est sûr, c'est que le numérique, par la multitude des outils qu'il propose, peut permettre à des parents de dire : "Tu n'as pas fait ton exercice, est-ce que tu es sûr qu'en regardant sur les outils à disposition dans l'ENT, tu n'as pas un outil qui te permettra de trouver la réponse, ou en tout cas d'amorcer un début de réflexion, de poursuivre ta recherche, d'aller vers une solution ?"
Et là, les parents ont maintenant cette possibilité-là.
Ce n'est plus : "Tu demanderas à ton professeur demain."
"Il y a plein de choses sur Internet, es-tu sûr d'avoir tout épuisé ?"
Avec les limites que ça a de choix de l'outil, mais là, les professeurs ont également un rôle.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Nous avons une nouvelle question autour de la communication avec les parents.
Quels sont les objets de communication numériques qu'il faut avoir en priorité, en fait ?
Partager des infos administratives, donner à voir des évaluations, mieux faire connaître les travaux menés en classe ou présenter des réalisations collectives.
Donc là, sur cette question, on a le mérite d'avoir plusieurs modalités d'utilisation du numérique.
Quelles sont selon vous les priorités, parmi ces quatre priorités ?
Anne-Sophie Pionnier, master EdTech de l'université de Nice-Côte d'Azur.
-La priorité, ça va dépendre vraiment de l'enseignant et de l'établissement.
Donc, il n'y a pas de réponse.
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-Et du projet de coéducation par et au numérique.
C'est-à-dire que la bonne réponse n'existe pas.
Et puis une info administrative, si c'est la date de rentrée des classes, ce n'est pas la même chose que le site pour se connecter à l'orientation.
Donc...
Anne-Sophie Pionnier, master EdTech de l'université de Nice-Côte d'Azur.
-Priorité, non...
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-C'est peut-être une approche systémique.
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-C'est un choix d'équipe.
Anne-Sophie Pionnier, master EdTech de l'université de Nice-Côte d'Azur.
-Voilà, c'est ce que j'allais dire.
Priorité, difficile, en revanche, essayer d'avoir une homogénéité des choix et des priorités dans l'établissement, c'est intéressant et c'est important.
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-Et on peut associer les élèves.
On a beaucoup parlé des parents, des enseignants et de l'équipe pédagogique, mais, par exemple, un conseil de vie collégien, sur la dernière proposition, "présenter des réalisations collectives", peut être missionné pour faire une actualité une fois par mois.
Ou on peut proposer à chaque classe de l'établissement de faire une actualité sur son actualité de classe.
Et là, le numérique devient un outil de communication en direction des familles, mais qui donne de la lisibilité sur la pédagogie qui est mise en œuvre dans l'établissement.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Une autre question.
N'y a-t-il pas un risque de perdre justement la dimension humaine, lorsque l'on s'oriente un peu trop sur cette relation à travers le numérique ?
Anne-Sophie Pionnier, master EdTech de l'université de Nice-Côte d'Azur.
-Je ne pense vraiment pas, et je suis convaincue que l'humain est dans la communication, il est là également, finalement.
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-Le numérique, c'est ce qu'on en fait.
Anne-Sophie Pionnier, master EdTech de l'université de Nice-Côte d'Azur.
-Exactement, c'est ce qu'on en fait, et au contraire, ça ne veut pas dire que ça devient uniquement une communication...
C'est ce que disait Nathalie, ça n'efface pas la communication en présentiel, la communication directe.
Ça rajoute un outil, une possibilité qui, pour certains parents, est importante, car ils ont plus de facilité, peut-être, à s'exprimer par écrit, par messagerie que la discussion directe avec l'école, qui parfois peut être vue, d'ailleurs, de façon un peu traumatique, on va dire, de par l'expérience qu'on a pu en avoir en étant soi-même élève, et du coup, cela facilite un côté humain.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Donc, un outil au service de cette relation, mais qui n'exclut pas, bien sûr, des rencontres en présentiel et qui permet de garder aussi cette notion de présentiel.
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-La rencontre en présentiel, il y a une potentialité des outils numériques qu'on n'a pas évoquée, c'est le fait que l'outil numérique peut permettre de lire un écrit, donc, en réalité, la distance est réduite.
Pour des parents qui n'avaient qu'une communication écrite, si on la fait passer par voie numérique, on peut trouver très facilement des outils qui permettent de trouver une solution pour les personnes qui souffrent d'illettrisme, par exemple.
Et pareil pour l'allophonie : des parents qui ne parleraient pas la langue française peuvent, grâce à l'outil numérique, avoir une traduction avec des outils en ligne de façon assez simple.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Toute dernière question, une remarque.
"Certains logiciels de vie scolaire demandent aux parents de répondre dans des délais très restreints."
On est un peu dans cette accélération du temps, avec le numérique.
Nathalie Couégnas, Trousse à projets, responsable du volet "parentalité et numérique" du dispositif Territoires numériques éducatifs.
-Ce ne sont pas les logiciels qui demandent ça.
C'est la programmation des logiciels.
Là encore, on est sur des choix humains, derrière, et des choix d'équipe.
C'est le paramétrage dont parlait Anne-Sophie.
Anne-Sophie Pionnier, master EdTech de l'université de Nice-Côte d'Azur.
-Tout à fait.
Fabrice Fauci, directeur de l'Atelier Canopé de l'Aude.
-Donc, le travail en équipe, en fait, pour cette communication.
Écoutez, on arrive au terme de ce webinaire.
Je vous remercie d'avoir été présentes.
Je remercie également les équipes de Réseau Canopé qui nous accueillent, les équipes qui ont travaillé sur ce webinaire.
Bien évidemment, je salue aussi le partenariat que nous avons avec Pix, avec le ministère, et puis avec la Trousse à projets.
Merci.
Crédits
- Direction de publication : Marie-Caroline Missir
- Production : Réseau Canopé
- Partenariat : Pix
- Licence : CC BY-NC-ND 4.0
Ressource produite avec le soutien du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse
