Les modèles économiques du numérique

Les sites et applications nous proposent beaucoup de services, et en apparence… gratuitement ! Pourtant, la plupart de ces plateformes sont très rentables et il est important de comprendre comment. Alors, quels sont ces différents modèles économiques du numérique ? Et quelles ressources pour aborder ce sujet avec les élèves ?

Transcription

Lire les actualités sur son média préféré, regarder un tutoriel sur une plateforme vidéo, jouer en ligne, ou participer à une visioconférence… Les sites et applications nous proposent beaucoup de services, et en apparence… gratuitement !

Pourtant, la plupart de ces plateformes sont très rentables , et il est important de comprendre comment , pour développer une réflexion critique sur les modèles économiques du numérique.

Alors :

  • Quels sont ces différents modèles économiques du numérique ?
  • Et quelles ressources pour aborder ce sujet avec les élèves ?

C’est ce que nous allons voir dans cette vidéo !

En termes de modèles économiques, certains sites et applications sont financés par l’Etat, compte tenu de leur utilité publique. C’est le cas des sites de services publics comme Ameli.fr

D’autre sites reposent sur des modèles libres et contributifs, comme l’encyclopédie Wikipédia, le navigateur Firefox, les services OpenStreetMap ou OpenFoodFacts…

Ils fonctionnent grâce à la contribution de millions d’utilisateurs et sont financés par des dons, qui leur permettent de proposer leurs contenus gratuitement.

Mais pour la majorité des sites et applications, qui sont privés, le modèle publicitaire reste le plus répandu. On estime que 50% des dépenses publicitaires des entreprises sont effectuées pour la publicité en ligne.

Ainsi, pour beaucoup de sites, la publicité est devenue une source de revenus incontournable.

Certains médias et services numériques décident de s’en passer en fonctionnant par abonnement ou achat.

Mais la plupart cumulent les deux offres :

  • un service "Freemium" avec une offre gratuite mais restreinte, avec ou sans publicité.
  • un service "Premium" de vente ou d’abonnement avec une offre plus complète et sans publicité.

C’est le cas d’un média comme Le Monde par exemple ou d’une plateforme de visioconférence comme Zoom.

Dans le domaine des jeux en ligne, ces modèles existent aussi. Par exemple, dans Candy Crush, le jeu s’adapte d’abord au niveau du joueur. Puis, il va lui rendre la tâche plus longue ou plus complexe… à moins que celui-ci ne paye quelques "bonus". Ainsi, le jeu passe d’un modèle de "free to play" (jeu gratuit) à "pay-to-win" où il faut payer pour gagner.

Autre modèle : le placement de produit. C’est quand la publicité est directement intégrée au contenu que nous consommons. Déjà employé dans le cinéma, le placement de produit est très présent chez les influenceurs qui reçoivent une contrepartie, financière ou autre, en échange du nombre de vues qu’ils offrent au produit, à travers les réseaux sociaux.

Le modèle basé sur la publicité s’allie également à la captation des données.

Par exemple, il est fréquemment demandé à l’utilisateur lorsqu’il arrive sur un nouveau site web d’accepter des cookies, c’est à dire des mini-fichiers qui s’installeront sur son ordinateur. Ces cookies enregistreront des informations telles que le pseudo ou l’âge de l’utilisateur, ainsi que ses habitudes de navigation… Ces informations, qu’on appelle "données numériques", permettent d’établir un profil d’utilisateur. Elles ont donc de la valeur et peuvent être vendues.

D’autres plateformes, comme Netflix, Facebook ou Youtube, récoltent aussi les données en analysant le comportement des utilisateurs.

Plus les plateformes disposent d’informations sur leurs utilisateurs, mieux elles peuvent :

  • personnaliser leur service et leurs recommandations, et donc se démarquer de la concurrence.
  • Elles peuvent aussi cibler leurs publicités, et donc assurer leurs revenus.
  • Elles peuvent enfin revendre ces données à d’autres acteurs du numérique afin qu’ils puissent perfectionner leurs algorithmes, publicitaires ou autres.

Dans ce système, plus l’utilisateur passe du temps sur un site ou une application, plus il génère des données et du revenu. Le temps d’attention devient ainsi la ressource principale des modèles économiques du numérique. C’est ce qu’on appelle l’économie de l’attention.

Dans cette économie, le design des sites et la conception des algorithmes ont pour objectif de maintenir cette attention le plus longtemps possible et de susciter l’engagement de l’utilisateur.

Cela implique des techniques désormais communes comme le défilement infini - présent notamment sur Instagram ou TikTok. Techniquement, le site ou l’application charge chaque nouvelle page à la suite de l’autre, là où autrefois, il fallait cliquer pour changer de page. Ainsi, l’utilisateur reçoit des contenus indéfiniment, ce qui le pousse à rester connecté.

Cela implique aussi une tendance des médias sociaux à favoriser les contenus clivants, car ils génèrent plus d’engagement, de clics, de commentaires et donc de données récoltées.

Un autre exemple de cette logique est le "clickbait", les pièges à clic, qui sont des contenus exclusivement destinés à attirer des clics grâce à des titres racoleurs, pour générer du revenu publicitaire, quitte à diffuser de fausses informations.

Publicité, captation des données, économie de l’attention… Il est important de sensibiliser les élèves au fonctionnement économique du numérique et de questionner ses impacts sur nos sociétés.

La série Les clés des médias, co-produite par le Clémi, consacre un épisode à la publicité et questionne le financement de l’information et l’indépendance des médias.

La série Dopamine et son dossier pédagogique, co-produits par Arte et Réseau Canopé, proposent aussi des pistes pour accompagner les enseignants.

  • On peut Débattre de Candy Crush avec des élèves du 1er degré pour aborder l’économie d’Internet, et le lien entre marketing et neurosciences.
  • On peut Explorer le fonctionnement des réseaux sociaux, pour comprendre leurs impacts et leurs modèles économiques

Enfin, c’est aussi l’occasion d’aborder les questions sociétales plus larges qui sont en lien :

  • La publicité nous pousse à consommer plus, nous expose à des stéréotypes, et favorise les contenus clivants. Comment en prendre conscience et mettre à distance ces logiques ?
  • La personnalisation de nos expériences en ligne, grâce aux données, tend à renforcer nos opinions et à limiter le débat. Comment sortir de nos bulles de filtres ?
  • L’économie de l’attention oriente notre temps vers des activités lucratives pour les géants du web. Comment retrouver une meilleure attention, pour nous-même, pour les autres et pour l’intérêt général ?

Il ne s’agit pas de diaboliser la publicité ou la captation des données. Ni de penser que tous les services pourraient être gratuits et contributifs. Mais de réfléchir ensemble aux nécessités et aux limites de ces modèles économiques, pour avoir une utilisation éclairée d’internet.

Crédits

  • Scénario : Kimi Do, Théodore Laugée, Virginie Esparel-Rousseau
  • Direction de publication : Marie-Caroline Missir
  • Production : Réseau Canopé
  • Partenariat : Pix
  • Licence : CC BY-NC-ND 4.0

Ressource produite avec le soutien du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse

Financé par le Gouvernement de la République française, liberté égalité fraternité, le plan France Relance et l'Union européenne (NextGenerationEU)