Les femmes dans les métiers du numérique

Les métiers du numérique connaissent aujourd’hui une sous-représentation féminine. Pourtant, cela n’a pas toujours été le cas ! Mais alors, qui étaient les femmes pionnières du numérique ? D’où vient cette sous-représentation féminine ? Quelles en sont les conséquences ? Et quelles solutions existent pour y remédier ?

Transcription

Les métiers du numérique connaissent aujourd’hui une sous-représentation féminine.

En moyenne, seuls 30% des postes sont occupés par des femmes.

Pourtant, cela n’a pas toujours été le cas !

L’informatique existe depuis le début du 20ème siècle et ce déséquilibre en faveur des hommes ne date que des années 80.

Mais alors :

Qui étaient les femmes pionnières du numérique ?

D’où vient cette sous-représentation féminine ?

Quelles en sont les conséquences ?

Et quelles solutions existent pour y remédier ?

C’est ce que nous allons voir dans cet épisode.

Les femmes ont grandement contribué au développement de l’informatique.

  • En 1843, Ada Lovelace écrit le premier algorithme de programmation pour une machine analytique. C’est l’ancêtre des programmes informatiques !
  • En 1952, Grace Hopper, inspirée par l’idée d’un langage universel comme l’anglais, conçoit le premier compilateur qui permettra la création du premier langage informatique utilisable sur différentes machines.
  • Sorti en 1980, le premier jeu vidéo à interface graphique est également conçu par une femme : Roberta Williams. Ce jeu nommé Mystery House se vendra à plus de 10 000 exemplaires : un succès pour l’époque.

Et il existe beaucoup d’autres exemples ! Dans les années 40, pendant que les premiers composants informatiques (le hardware ) étaient fabriqués par les hommes, les premières grandes avancées logicielles (le software ) ont été l’œuvre de femmes, la plupart du temps des mathématiciennes, et autodidactes en informatique. Ces métiers étaient peu reconnus, mal payés, assimilés à du secrétariat car il s’agissait de taper sur un clavier et donc perçus comme un métier féminin et subalterne.

Ce n’est qu’au début des années 80, lorsque la société a pris pleinement conscience des opportunités du numérique que la répartition a changé.

D’une part, l’informatique est devenu un secteur stratégique, un métier "d’avenir". Et comme pour les autres filières d’ingénierie, les formations ont surtout bénéficié aux jeunes hommes de l’époque. Parallèlement à cela, l’ordinateur "grand public" se démocratise et entre dans les foyers. Et comme pour tout objet technique - c’était déjà le cas avec les walkmans - ce sont les garçons qui sont les premiers à être équipés selon le stéréotype qu’il y aurait une affinité naturelle entre les hommes et la technique. Cela donna naissance à la figure… du geek! Le geek, c’est ce jeune homme passionné d’informatique et de jeu vidéo, toujours derrière son clavier. Ce stéréotype du geek contribue à son tour à une vision de ces métiers comme très masculins. Difficile alors pour les jeunes filles de se projeter, sans douter de leurs compétences et de leur légitimité. À son tour, la surreprésentation d’hommes dans ces milieux en fait des espaces propices au sexisme et contribue davantage à écarter les femmes.

Ainsi, tous ces obstacles s’auto-alimentent.

Tout cela a des conséquences !

D’abord sur l’orientation et l’emploi des femmes. Alors que le secteurs du numériques recrute, elles sont moins nombreuses à se former et à exercer. Mais cette inégalité impacte aussi le reste de la société : la surreprésentation des hommes dans les métiers du numérique induit des biais de genre dans la conception des services , des objets et des contenus culturels destinés à tous.

Par exemple, lorsque les premières applications de santé sont apparues, aucune n’abordait la question des règles, alors qu’elle concerne la moitié des utilisateurs. Idem pour les premiers systèmes de reconnaissance vocale qui comprenaient difficilement les voix de femmes car ils n’avaient été "entrainés" que par des programmeurs. Enfin, l’industrie du jeu vidéo, qui emploie principalement des hommes hétérosexuels, souffre d’un manque de diversité dans la représentation des personnages féminins, souvent hypersexualisés et relégués au second plan.

Mais depuis le milieu des années 2010, une prise de conscience de ces enjeux a émergée, et avec elle des solutions sont apparues.

Les enseignants doivent prendre part à ces solutions pour favoriser l’égalité d’accès aux formations et aux métiers du numérique en intéressant les jeunes filles à ce domaine, tout en donnant une image non genrée de la discipline.

Pour cela, on peut partager des modèles comme les pionnières du numérique présentées dans cette vidéo.

Mais il est également important de partager des exemples d’informaticiennes et de scientifiques de tous les jours, pour favoriser l’identification. En effet, difficile de s’identifier à des génies comme Marie Curie !

De la même manière, encourager les filles à outrance peut faire croire qu’elles ont besoin de soutien particulier parce qu’elles seraient moins performantes.

Ensuite, il faut garder à l’esprit que de manière générale, dans un espace public mixte, les garçons parlent deux fois plus que les filles. Veillez à attribuer la parole aux filles, d’autant plus sur des sujets comme le numérique.

Enfin, mieux vaut interpeller les filles individuellement et non en tant que groupe. Car cela renforcerait l’idée d’une séparation fille/garçon sur ce sujet.

Toutes ces actions, ainsi que des formations sur le harcèlement ont été menées, de manière suivie, au sein de la Carnegie Mellon University. En quelques années, la parité a été atteinte dans leurs filières informatiques.

Déconstruire les stéréotypes et agir pour la mixité dans le numérique : un enjeu pour les enseignants, une avancée pour toutes et tous.

Crédits

  • Scénario : Baptiste Caron, Kimi Do, Virginie Esparel-Rousseau
  • Direction de publication : Marie-Caroline Missir
  • Production : Réseau Canopé
  • Partenariat : Pix
  • Licence : CC BY-NC-ND 4.0

Ressource produite avec le soutien du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse

Financé par le Gouvernement de la République française, liberté égalité fraternité, le plan France Relance et l'Union européenne (NextGenerationEU)