Accompagner les élèves à la maîtrise de leur identité numérique

À partir du collège, la plupart des élèves commencent à utiliser Internet et les réseaux sociaux. L’ensemble des traces qu’ils laissent, volontairement ou non, construit petit à petit leur identité numérique. Faisons donc un point sur l’identité numérique et voyons comment accompagner les élèves à la maîtriser ?

Transcription

En France, l’âge légal pour s’inscrire sur un réseau social en ligne est de 13 ans. Mais, à partir du collège, la plupart des élèves, qu’ils aient 13 ans ou moins, commencent à utiliser Internet et les réseaux sociaux pour communiquer avec leurs amis, partager des photos, écouter de la musique ou faire des recherches en ligne. L’ensemble des traces qu’ils laissent, volontairement ou non, construit petit à petit leur identité numérique.

Le rôle des enseignants, ainsi que des parents, est de les accompagner dans une construction maîtrisée de cette identité.

Faisons donc un point sur :

  • ce qu’est l’identité numérique.
  • Pourquoi et comment accompagner les élèves à la maîtriser ?

L’identité numérique représente « qui nous sommes » en ligne : c’est la personne que nous sommes sur les réseaux sociaux, sur nos profils administratifs, professionnels ou dans diverses activités en communauté. C’est une partie de notre identité globale. Elle peut prendre des formes multiples et se construit en interaction avec les autres.

Cette identité numérique est forgée de manière à la fois volontaire et involontaire à travers les traces et les interactions en ligne.

Il y a les traces liées à la navigation. Par exemple, quand on crée un compte sur un site, on laisse des informations de manière volontaire. Et quand on entre des requêtes sur un moteur de recherche, on laisse des traces de manière involontaire car c’est le moteur de recherche qui va les conserver.

Il y a les traces liées aux publications. Nos propres publications. Et les publications des autres à notre propos. Certaines traces de publications sont donc choisies, d’autres sont subies.

Enfin, il y a les traces liées aux objets connectés comme la géolocalisation de notre téléphone ou de notre montre.

Combinées entre elles, toutes ces traces laissées par une personne composent un portrait numérique qui révèle des informations significatives sur elle : ses goûts, ses préoccupations, ses opinions politiques, son orientation sexuelle, son état de santé.

En tant qu’enseignants, il faut aider les élèves à prendre conscience de plusieurs enjeux liés à l’identité numérique.

Les jeunes, tout comme les adultes, ont parfois l’envie de développer leur identité numérique pour participer à la vie en société : partager un vécu via un post photo, valoriser quelque chose que l’on a accompli… Ces envies répondent aux besoins d’appartenance à un groupe, d’estime de soi ou d’accomplissement personnel et professionnel. À l’inverse, les jeunes, tout comme les adultes, rencontrent aussi le besoin de maîtriser leur identité numérique, en nettoyant et en contrôlant les traces qu’ils ne souhaitent pas laisser : une photo ou un propos gênant, visible sur Internet, des publications qui seraient mal perçues dans un futur contexte professionnel.

Les enseignants doivent donc aider les élèves à considérer la complexité des logiques à la fois sociales et techniques de ce sujet : il s’agit d’être à la fois présent et visible en ligne, tout en maîtrisant sa réputation, ses traces et ses interactions.

Alors, comment accompagner les élèves à la maîtrise de leur identité numérique ? Voici quelques axes sur lesquels travailler avec eux.

Il faut encourager les élèves à imaginer l’audience de leurs publications et à voir ces publications comme des traces qui resteront sur la durée.

La publication s’adresse-t-elle à un large public ? Dans plusieurs années, sera-t-elle encore le reflet de ce qu’ils veulent montrer, de leur état d’esprit ou leur personnalité ?

L’ENT est un outil possible pour sensibiliser les élèves aux règles de communication. Par exemple, dans la métropole de Lyon, des projets permettent à des élèves d’établissement différents d’interagir et de communiquer sur des espaces communs, à travers l’ENT.

De nombreux enseignants sensibilisent aussi les élèves à la question de l’audience en invitant la classe à publier sur Twitter, en se questionnant sur ce qu’il faut dire ou non, de quelle manière s’exprimer ? S’interroger sur l’audience est aussi l’occasion d’aborder le paramétrage de comptes en mode privé ou la création de différents groupes de destinataires si le réseau utilisé le permet.

Différencier les profils, les pseudos ou avatars permet de naviguer « masqué » si besoin. L’enseignant peut jouer à questionner les élèves sur leur future identité professionnelle en ligne : a-t-elle besoin d’être liée à celle qu’ils utilisent pour jouer aux jeux vidéo ou publier sur les réseaux sociaux ?

Il leur rappelle aussi l’importance de supprimer des comptes non utilisés, qui laissent des traces.

Le site Do Not Track, conçu par Arte et l’Office national du Film du Canada, propose une expérience immersive qu’il est intéressant de proposer aux élèves pour prendre la mesure du traçage en ligne et de la collecte de données dont nous sommes sujets. De nombreux logiciels et applications de cybersécurité permettent aussi de limiter cette collecte de nos données. C’est le cas des VPN qui chiffrent en temps réel notre navigation et dissimulent notre identité en ligne. Ou des logiciels de confirmation RGPD. La CNIL en liste plusieurs sur son site.

Les élèves ne sont pas suffisamment au fait de leurs droits. Si des personnes postent - sans leur consentement - des photos, vidéos ou publications qui portent atteinte à leur réputation en ligne ou à leur vie privée, il est possible d’exercer un droit à l’effacement d’images. Le site de la CNIL détaille la procédure juridique à suivre.

Enfin, l’important est d’en débattre avec toute la classe.

Les élèves n’ont pas à se couper du numérique. Une identité numérique est un excellent outil - personnel, professionnel, citoyen - si elle est construite avec stratégie, c’est-à-dire qu’elle reflète de manière intentionnelle la personne que nous voulons être en ligne. Elle peut par exemple permettre de trouver une communauté avec des intérêts similaires, de tisser des liens avec des personnes proches ou éloignées, ou même faciliter l’obtention d’un stage.

Contrairement à de nombreux stéréotypes, la plupart des élèves prennent très au sérieux les questions de vie privée et d’identité numérique. Mais ils souhaitent aussi exister et interagir sur des espaces publics en ligne. C’est aux adultes de les accompagner pour que cette identité numérique soit choisie et non subie.

Crédits

  • Scénario : Kimi Do, Théodore Laugée, Fabrice Legros
  • Direction de publication : Marie-Caroline Missir
  • Production : Réseau Canopé
  • Partenariat : Pix

Ressource produite avec le soutien du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse

Financé par le Gouvernement de la République française, liberté égalité fraternité, le plan France Relance et l'Union européenne (NextGenerationEU)